Pocket poésie
 
Poche Tronc
1er mai 2004
Série poche
POCHE TRONC
Tit femme là krié su moin, ou sé kom cochon,
Toujours l’alcool, les filles, ou sé poche tronc.
Ou kroi ou ka baisé moin sans cracher des ronds ?
Oui, quitte de là, buveur, me chantait la Madelon.

Poche tronc, c’est vrai, de mon Chino, une fente
Crevait le fond de la poche droite, une vraie sente
Par laquelle fuyaient, en une bouillie crue et lente
Mes idées, mes rêves, jus gardé pour mon amante.

Alors je pris la petite machine qui garde les lettres,
Les nombres et les images au sulfure, que tout être,
Cultive trop longtemps dans son cœur sec et troué.
C’est sur son clavier sûr que je frappe, ma dévouée

Compagne. Je ne suis plus comme tronc d’église,
Un arbre amorti, qui engloutit les sous, friandises
Préférées des pasteurs sucrés de la marchandise.
Vous oubliez le cerveau percé, qu’on se le dise !

A présent, le Pocket PC enregistre tous compliments,
Et sur les méchants inscrit à venir les durs châtiments.
Dans le registre contacts, avec mon âme, le sentiment
Est revenu. Dans ma poche secrète, jouis, pur diamant.

Coquet et filou, ainsi me hèle, la tit femme aux seins
Melons qui vend le poulet boukané sur le terre-plein
Du goudron. Elle ne me désigne plus comme le vilain.
Je suis l’écrivain de la ruelle, le poète, le baron malin,

Qui danse et qui gigue dans le grand midi africain.
Là où la flamme du pocket coule des reflets d’étain.
Je m’endors, en flottant sur les messages incertains,
Venus en hommages, de tous les hôpitaux lointains.